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Grandes cultures: Les inquiétudes des professionnels

Alors que l’on évoque, depuis quelque temps, les perspectives d’une bonne récolte céréalière au niveau des grandes cultures, partout dans le pays, les agriculteurs haussent le ton et évoquent, déjà, certains points d’ordre infrastructurel et organisationnel  noirs susceptibles  d’affecter cette campagne  qui, pourtant, s’annonce sous les meilleurs auspices en ce moment.
Même si les autorités régionales sont passées à l’œuvre  pour  mettre en place  toutes les dispositions nécessaires  et veillent au grain pour minimiser les pertes et les dysfonctionnements  au niveau   des opérations de collecte et d’évacuation de la  production, il n’en demeure pas moins vrai que la faiblesse  de la capacité de stockage des céréales  constitue déjà un premier point noir  qui peut affecter une partie de la production  et pourrait contraindre les collecteurs à recourir au stockage  de la récolte dans  des lieux à ciel ouvert, avant son évacuation vers les grands centres de stockage du pays, via les chemins de fer, d’autant plus que le gouvernement a décidé, au terme de l’accord signé avec les transporteurs, de réduire  le tonnage transporté par les poids lourds à 22 tonnes  seulement , contre 35 à 40 précédemment. A titre d’exemple  la capacité de stockage de la région de Siliana est estimée , selon le directeur régional de l’office des céréales, à 1, 2 million de quintaux  alors  que l’on s’attend à une collecte de 2,2 millions de tonnes. Idem pour Le Kef où la capacité de stockage est de 800 mille quintaux seulement alors que l’on s’attend  à réaliser des chiffres proches de ceux de Siliana.
Les syndicats des agriculteurs  sont aussi mécontents des petites augmentations consenties , cette année, par le gouvernement  au niveau des prix des céréales à la production et estiment qu’elles ne couvrent  réellement ni  les charges ni les hausses à répétition des prix des semences sélectionnées ou  des intrants agricoles, notamment par la variété de l’orge dont l’augmentation n’a été que de trois dinars pour le quintal, contre sept dinars pour le blé dur.
Les agriculteurs appellent aussi les collecteurs à régler leurs factures dans les meilleurs délais, et ce, pour leur permettre  de s’acquitter des crédits de campagne ou des frais des opérations de moisson. Car tout retard engendrerait, selon eux, des frais supplémentaires qu’ils se disent incapables de supporter
Cela dit, la saison agricole s’annonce très bonne, cette année, mais certains systèmes de production, comme ceux des céréales et des laitages,  demeurent  fragiles et menacés de déperdition, tant les difficultés  de pérenniser ces activités deviennent complexes et minées par les dangers.
Alors , le gouvernement saura-t-il distinguer le bon grain de l’ivraie et écouter ceux qui président à notre alimentation ? Patience et longueur de temps, seulement.

Jamel TAIBI

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